Corse, paysages atypiques, plage de sable fin, accent typique et caractère Corse… explosif. La Corse, c’est une destination que tout petit pilote privé se promet de faire… Mais la Corse, à côté de ce beau tableau, c’est aussi un vol corsé, une traversée maritime, des reliefs à passer, une météo pas toujours évidente.
La première fois où j’y suis allé, j’ai profité d’être à Cannes avec mon petit coucou, pour aller jeter un coup d’œil timide sur le paysage Corse… Nous n’avions pas dépassé Calvi, et j’étais accompagné d’un pilote plus expérimenté… Je ne me sentais pas de le faire seul ;). C’était il y a 4 ans maintenant >>Premier vol en Corse<<.
Il y a trois mois, mon père me demande si ça m’intéresse d’aller en Corse. Évidement, je dis oui. Je pose mes vacances en conséquent. L’avion est réservé 2 mois à l’avance pour 5 jours: du 15 août au 20 août… En plus, avec un peu de chance, mon frère sera rentré de Chine et viendra avec nous.
Le programme
La plus part du programme qui est résumé ici a été planifié au dernier moment (local, baptême). Je n’expose que le plan théorique, tous les changements du jour même n’apparaissent pas (sinon, ce n’est pas drôle).
Décollage samedi 15 août, 9H00
- Petit tour d’avion en local avec des amis sur place lundi 17 août, 10H30
- Repas avec des amis (dont un nouveau pilote :D) le lundi 17 août, 12H00
- Décollage pour Propriano mardi 18 août à 10H00
- Décollage de Propriano pour Figari & ravitaillement le mercredi 19 août, 9H00
- 3 tours local de 30 minutes avec des amis en visite en Corse le mercredi 19 août, 10H00
- Décollage de Figari pour Cannes le mercredi 19 août, 16H45
- Décollage pour vol retour Angoulême, jeudi 20 août, 11H00
Quand on part en petit « coucou », c’est toujours un peu l’aventure… Mais quand en plus, il y a des événements qui sont programmées à plusieurs… alors là, ce n’est plus une aventure, mais une véritable expédition.
Samedi 15 août: un départ chaotique
La veille, je vois les prévisions de météo France…. Décevant. La météo est mitigée, je ne pourrais affirmer notre départ que le jour même. Petit changement, ce qui jouera sera la météo à Cannes… pour une fois ahah. Chez moi, c’est beau temps :D.
Un appel préoccupant
« DRING DRING DRING »
Il est 10H00 et mon téléphone sonne. C’est François.
« […] ton avion est parti, tu n’étais pas là à l’heure H+15min, donc Gilles l’a pris et est parti. En plus tu m’avais dit que tu avais décalé le départ d’une journée ».
« C’est une blague? Hein François, tu blagues, avoue […] Je n’ai jamais rien dit de tel… Il revient quand? On peut pas décoller ce matin, mais début d’après midi… C’est vrai que j’ai oublié de décaler la résa… et quand l’heure est dépassée, on ne peut plus décaler la réservation sur l’informatique… sauf en annulant… »
Bonne nouvelle, l’avion n’est plus dispo. Ma journée à l’air de plutôt bien commencer… Après quelques minutes de conversation:
« Oui, c’est une blague »
Venant du personnage, j’étais persuadé d’une blague, mais ce S#### à réussi à me mettre le doute jusqu’à ce que je marche dans sa combine… Il ne changera pas ce petit plaisantin.
Une panne moteur
Nous arrivons au club, il est temps maintenant de faire toutes les formalités nécessaires avant un vol.
- Préparer les affaires de vol, prête à l’emploi
- Prendre les casques
- Rassembler les affaires
- prendre la météo
- prendre les différents NOTAM
- prendre les différentes cartes aérodromes
- prendre les gilets
- préparer l’avion…
Je suis allé prendre possession de l’avion. Évidement, pour un trajet de 3H, sachant que l’avion a volé la veille et qu’il n’a que 4h d’autonomie, il faut faire le plein.
Je m’installe dans l’appareil, le joli TC160 du club :). Procédure de démarrage… contact radio:
« […]Roulons air d’avitaillement, Victor-Mike »
Quelques minutes plus tard, au milieu du taxiway
VROUUUM (bruit du moteur) VROU VRO VRU Vrrrr
il a stoppé, le con!
« Angoulême-Info, Victor Mike, problème moteur sur le taxiway »
J’ai fait une recherche de panne et…. Foutu robinet d’essence, un gus la fermée :@. Je suis dans une descente, je décide de ne pas le redémarrer et le tire à la main jusqu’à la pompe à essence (500m quand même 🙂 ). C’est ma séance de sport matinal :p.
Le plein plus tard et un ré-amorçage, les bagages sont chargés, le moteur tourne bien rond et nous voici parti pour Cannes Airport :D.
Petits détours, bonjour
Les conditions du jour m’annonçaient que je pourrais passer au-dessus comme rester en dessous des nuages. Cependant, si je passais au-dessus, je devrais redescendre sous la couche nuageuse avant Cannes. La météo annonce que c’est couvert et orageux là bas… FOUUUU :D.
Nous avons du vent favorable en altitude. Mon frère étant des notre, pour le dé-paysager un peu, je décide de monter au-dessus de la couche. C’est magnifique! -pas de photo, vous pouvez toujours en trouver des similaires dans cet article ndlr- :).
Malheureusement, ça n’a durée qu’une heure au plus. J’ai pris la décision de redescendre en dessous, car je n’étais pas sûr de pouvoir le faire après… Quoi qu’il en soit, j’aurais préféré rester au-dessus. Nous n’allons pas tarder à arriver sur le relief, et la hauteur des nuages nous fera, soit passer assez bas avec risque de turbulences, soit elle va nous obliger à faire un petit détour :).
C’est ce qu’il s’est passé. Nous arrivons petit à petit sur le relief: les Puy Mary, Puy de Peyre Arse (vers Murat). Les nuages accrochent les Puy. Mais une vallée se présente à nous. Ca aurait été tentant de s’engouffrer dedans…
… C’est sans compter sur ce qu’il y au bout. Une rapide analyse de la carte, confirmée par mon GPS (il indique le relief que nous allons rencontrer sur la route… super ça xD). Si nous continuons sur cette voie, nous allons nous payer la montagne. Ca serait con non? Deux solutions s’offrent à moi:
- Monter en On Top (passer au dessus de la couche), il y a une multitude de trous (pas vraiment une photo illustratrice… elle est un peu pessimiste, il faut l’avouer)
- Monter un peu, passer le relief en le contournant par la gauche, là où il est le moins élevé
J’ai choisi la seconde alternative pour profiter d’une nouvelle vue: 150m au dessus du sol, le relief à notre hauteur à notre travers, coiffé de son chapeau nuageux… Belle perspective :D. J’informe le contrôle de mon intention :).
Quelques minutes après ma décision, le relief est contourné.
Notre route se poursuit, mon frère tout juste diplômé d’une école de travaux public, ne peut s’empêcher de prendre en photos les ponts qu’il aperçoit, et nous sort quelques termes techniques… O_O :).
Juste après ce relief, nous voici dégagé de tout nuage. Nous pouvons apercevoir au loin le Mont Ventoux et… des nuages. Bon signe ou mauvaise signe?? Vu la taille du nuage surplombant le Mont-Ventoux, je l’identifie rapidement comme un cumulonimbus. Avez-vous déjà entendu parler de ce nuage? Et des ravages qu’il peut occasionner? Le cumulonimbus est ce fameux nuage qui est à l’origine des orages. Orage?? Oui, orage à l’horizon. Enfin, risque élevé, nous ne voyons, pour le moment pas assez de détail, mais une question subsiste:
On passe à droite du Mont-Ventoux ou à gauche, par le relief (route normal)? Je suis relativement prudent, et plus nous nous rapprochons, plus ma décision de contourner par la droite se renforce.
Je crois qu’en voyant ces photos, ce fut une sage décision 🙂 :
L’orage occupait une surface assez étendue. J’ai émis l’hypothèse que c’était l’orage qui était sur Cannes il y a encore quelques heures (car nous n’en sommes plus très loin).
Nous arrivons enfin par voir le bout de l’orage. Il s’étend vraiment sur une grande surface et nous voici en vu de la Méditerranée. Nous rejoignons quasiment notre route d’origine vers Montauroux, presque à l’arrivée. L’étendu d’eau au sud-est de Montauroux (j’ai mis un temps fou pour resituer la photo ci-dessous avec Google-Earth et de mon tracé. Je le cherchais plus en amont de mon trajet :p).
La Côte d’Azur, nous voici
A notre gauche nous voyons ce « lac », et à notre droite, la Méditerranée tant attendu. ET, bonne nouvelle, c’est totalement dégagé à Cannes. L’orage que nous avons croisé est bien celui qui était à Cannes quelques heures plus tôt.
A partir de maintenant, nous sommes à quelques minutes. Montpellier m’a demandé de contacter Nice. Je suis entré en contact avec eux mais ça ne va pas durer très longtemps. Il me donne une route à suivre, une altitude.
Il faut que je sois 1500ft (300m) sur le point WL (Carte d’approche de Cannes-Mandelieux). Sur ce point, je passe avec la fréquence tour de Cannes.
Encore quelques petites minutes et nous serons atterris. Et encore d’autres petites minutes, nous pourrons nous asseoir dans un fauteuil et discuter avec mon oncle – le frère de mon père-.
En attendant, je suis les instructions de la tour, nous sommes numéro 2 pour atterrir. Cannes c’est Cannes… Des Jet à profusions. Et encore, il y en a 10 fois moins que la dernière fois :).
On peut voir la GoPro en place… Je ne le remarquerai que plus tard, mais il y avait un petit moment que la batterie était vide. Je n’ai donc pas de film sur la finale à Cannes :D.
Après être passé sur la fréquence sol de Cannes, je fais le plein et nous voici garé dans un endroit bien tranquille, pas très loin de la sortie :D. Il n’y a pas de vol prévu pour le lendemain, mais un bon repas de famille. L’avion va pouvoir se remettre de ses 3H21 d’émotion. Malgré un vent très favorable, nous avons mis plus de temps que prévu, merci la bonne heure de détour au total :).
Petit bonus, notre tracé GPS
- en violet notre tracé GPS
- en blanc notre tracé théorique
On remarque facilement tous nos écarts dus aux nuages et à l’orage (le gros écart après Montélimar :).
Très sympa et bien détaillé, ton article.
J’attends la suite avec impatience … 😉
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